« Une étoile brille sur l’heure de notre rencontre »

04/12/2024

Grâce aux films et séries télévisées, de nombreux livres ont été redécouverts par les lecteurs et sont devenus plus populaires que jamais. Un exemple parfait de ce succès est représenté par l’abondante production de John Ronald Reuel Tolkien (1892-1973).


Peut-être que tout le monde ne sait pas que dans ses ouvrages, J.R.R. Tolkien n’a pas seulement imaginé des personnages, des mondes et des traditions, mais a également donné à ses récits ce qui distingue les cultures et caractérise profondément chaque individu : une langue.


Professeur à Oxford, philologue et linguiste, Tolkien a inventé 20 langues, chacune dotée de son propre vocabulaire, de sa grammaire et de sa syntaxe. Parmi elles, les plus complètes et fascinantes sont les langues elfiques : le Quenya (la langue des elfes de l’Ouest perdu, érudite et savante, une sorte de « latin elfique ») et le Sindarin (la langue des elfes de la Terre du Milieu). Toutes ces langues sont habilement reliées entre elles par Tolkien dans un schéma évolutif et des connexions mutuelles qui rappellent étroitement les langues du monde réel.


L’activité consistant à créer des langues artificielles en développant chacune de leurs parties (phonologie, grammaire, lexique…) s’appelle la « glossopoïèse », du grec glossa (langue) et poïesis (création). L’auteur d’une nouvelle langue peut avoir diverses motivations, par exemple, dans un roman, inventer une « lingua franca » permet de faciliter la rencontre entre des personnages de mondes et de cultures différents. Une autre raison peut être la pure expérimentation linguistique.


Tolkien a manifesté un intérêt pour les langues dès son plus jeune âge : le grec, le latin, l’italien et le finnois figurent parmi les premières langues qu’il a maîtrisées avec une grande aisance. Une célèbre citation de Tolkien compare la découverte du finnois à celle « d’une cave remplie de bouteilles de vins extraordinaires, d’un type et d’une saveur jamais goûtés auparavant. Cela m’a complètement enivré ».


Dans l’une de ses lettres, Tolkien a écrit : « Personne ne me croit quand je dis que mon long livre (c’est-à-dire Le Seigneur des Anneaux) est une tentative de créer un monde dans lequel une forme de langue, acceptable pour mon sens esthétique personnel, puisse sembler réelle ».


Quelle que soit l’évolution des faits, que Tolkien ait utilisé ses récits pour le plaisir de créer de nouvelles langues ou que, au contraire, la création de nouvelles langues ait inspiré ses récits, nous, lecteurs, restons fascinés par les atmosphères dépeintes par l’écrivain anglais dans chacune de ses œuvres.
D’un côté, on peut créer des langues à l’infini, mais de l’autre, les linguistes modernes ont avancé un point de vue très intéressant sur les langues du monde. En effet, selon eux, toutes les langues que nous parlons présentent des similitudes sur certains aspects : elles suivent un même modèle, obéissent aux mêmes règles et s’apprennent de la même manière. Les différences ne seraient donc qu’en surface. Noam Chomsky (né en 1928 ; philosophe, linguiste, spécialiste des sciences cognitives, théoricien de la communication et activiste politique américain) affirme que si un scientifique martien, doté d’une intelligence différente, devait étudier les langues du monde, il conclurait qu’elles sont toutes des dialectes d’une seule langue qui incarne une « grammaire universelle ».


Pour conclure, les langues changent, évoluent et se créent, mais ce qui reste fondamental pour l’être humain, c’est la communication. La diversité est une richesse en toutes choses.